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30 avril 2009

Kenneth White

Les cygnes sauvages, voyage haïku, Kenneth White, Grasset, 1990. 179 p.

_Kenneth_White

    Si je prends pour guide Mathurin Méheut, autre breton au Japon, je voyage vers le sud : grand temple d’Hôryu-Ji…petits sanctuaires shinto de Nara…torii marin de Miyajima… ; à qui l’interroge, il répond : « je ne connais pas la capitale, ni le nord du Japon et ne puis vous en causer ».

 

    Avec Kenneth White, allons de Tokyo vers le nord, sachant que ce voyage dans le « nord profond » sera « pèlerinage géopoétique » avec le fantôme de Basho pour compagnon, lui qui « portait dans son cœur le mouvement du ciel ».
    Kenneth White à Tokyo : « Au premier coup d’œil, c’est tout bonnement hideux. Ce n’est pas une cité Tokyo, c’est une calamité ». Je me demandais dit-il, « pourquoi j’avais abandonné la belle Bretagne bleue et étais venu à ce Tokyo de malheur… ». Mais, toutes choses ne doivent-elles pas être « approchées et appréciées », « dans un état d’esprit libre, léger et sans complications » ? ainsi dit Nagaï Kafu ; façades néo-gothiques : où sont les salons de thé ? béton : où sont les vieux canaux ? Pour retrouver la petite maison de Basho, il va falloir « voyager mentalement ». Et, « avec le passé toujours présent dans les esprits, nous pouvons suivre Basho, compagnon-serviteur, il y a trois siècles, du jeune prince Yoshidata et maître du haïkaï :

 

                                               « La vieille mare
                                                  Une grenouille saute
                                                  Le bruit de l’eau. »

 

    Les haïkus si parfaits de Basho jalonnent notre route : à Matsushina, ses poèmes sont gravés sur les pierres d’un temple ; les trois montagnes de Yamagata rappellent un autre poème :

 

                                              « Combien de nuages amoncelés et brisés
                                               Avant que ne se lève, silencieuse,
                                               La lune sur le mont Gassan. »

 

    A trois cents kilomètres de Tokyo s’achève à Kisagata le voyage de Basho ; reste à traverser le détroit de Tsugaru et pénétrer chez le peuple Aïnou  car il faut «  que j’aille jusque là-haut, que j’approfondisse les choses de cette contrée ».
Dans l’île d’ Hokhaïdo : voir les cygnes, beaux, puissants et libres ; tout au bout de la péninsule de Notsuke, un lac. Les cygnes sauvages, migrant des immenses plaines glacées de Sibérie, viennent y faire étape. Voilà le grand désir : retrouver « les signes sauvages » ; nous le savions bien dès la lecture des épigraphes : citations de Signes de Merleau-Ponty et de l’Empire des signes de Roland Barthes.

 

    Kenneth White prend le train pour Kyoto ; moi, je reste, tournée vers Sakhaline ; puisque l’esprit sait voler, je ne redescends pas.

                                                                                    Michèle M.

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