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12 janvier 2010

Au fil de lectures récentes : un nouveau roman de Hubert Haddad, la trilogie romanesque de Léonora Miano.

geometrieGéométrie d'un rêve d’Hubert Haddad (Zulma, 2009, 408 p.) suit de deux ans le court roman Palestine, bouleversante fable réaliste présentée dans ce Blog au printemps 2009 - qui a reçu le Prix Renaudot poche au mois de novembre 2009.

Dans Géométrie d'un rêve, Hubert Haddad poursuit son exploration du champ romanesque avec bonheur : en « infatigable défricheur de l’imaginaire », note Benjamin Fau dans sa rubrique de Le mondes des livres du 24 septembre 2009.

Ce roman foisonnant se structure en quatre histoires enlacées qui mêlent différents niveaux de réalité pour amener peu à peu les personnages à se dévoiler, jusqu’à la révélation finale. Le thème central implique un écrivain-narrateur, volontairement isolé dans un manoir breton - qui domine landes et océan - alors qu’il se trouve en panne d’inspiration. En fait, peu à peu nous comprenons qu’il fuit une part de sa vie passée : une relation amoureuse totale, passionnelle, un amour-fou avec une cantatrice, Fedora, belle et excentrique à souhait « qui lui a offert ses jours, mais refusé ses nuits ». Le voilà condamné à se contenter d’écrire le journal de cette impossibilité de création romanesque.

Dans l’entretien accordé à Le Monde des Livres, Hubert Haddad livre un secret de la création romanesque : le problème du narrateur-écrivain « est qu’il est débordé. Le roman demande de la place : pour qu’il y ait création, il faut faire du vide en soi. Et lui, il est investi, envahi de spectres, de fantômes, de rêveries récurrentes, de cauchemars ».

Les multiples pistes de ce roman vont séduire, décontenancer, aiguiser la curiosité, surprendre, amener le lecteur à admirer la maestria de l’auteur pendant 408 pages qui déroulent le récit « un peu sous forme de spirale ».

Un vrai régal pour tout lecteur gourmand de romanesque et de fiction !

P.S. Pour ceux qui veulent passer à l’écriture, romanesque ou autre,

la Bibliothèque

de Dinan dispose d’un volume de 943 p. : Le nouveau magasin d’écriture, paru en 2006, qui met à disposition les résultats des travaux de nombreux ateliers d’écriture animés par Hubert Haddad.

*

L’intérieur de la nuit (2005), Contours du jour qui vient (2006), prix Louis Guilloux et Goncourt des lycéens 2006 et Les aubes écarlates (2009), Léonora Miano, romans publiés aux éditions Plon.

Cette trilogie romanesque de Léonora Miano propose un tableau insolite et passionnant de l’Afrique actuelle à la lumière de son histoire : notamment, marquée par les séquelles de l’esclavagisme et du colonialisme mais aussi par les violences récurrentes entre ethnies et clans qui génèrent d’interminables guerres civiles. Dans un  style de grande qualité, à travers des récits et des personnages séduisants, Léonora Miano évoque codes, rites, croyances, démons de l’Afrique ; cette Afrique tiraillée entre attachement aux traditions liées à la vie rurale et l’inexorable évolution vers l’urbanisation ou la tentation de l’ailleurs.

Les titres poétiques de cette trilogie conduisent le lecteur en compagnie d’un authentique auteur : Léonora Miano, née en 1973 au Cameroun, vit en France depuis 1991. Dès ses 16 ans, elle écrit en moyenne une œuvre par an : elle attendra la trentaine pour s’estimer prête à la publication. Elle sait particulièrement bien nous « obliger » à nous interroger sur le destin de ce continent africain qui a tant de difficulté à trouver ses équilibres entre les politiques des APC (Anciennes Puissances Coloniales) et les nécessaires et répétitives interventions de la « Communauté Internationale » justifiées par des conflits multiples et sanglants qui sont toujours d’actualité.

aubesDans Les Aubes écarlates, elle pose la question de l’incidence sur l’âme africaine actuelle de la disparition de la multitude de futurs esclaves qui ont péri lors des traversées des bateaux négriers : jamais nommés, projetés dans le néant, jamais honorés selon la tradition africaine d’hommage aux morts.

Par la fiction romanesque (et grâce à elle), le regard porté par Léonora Miano sur l’Afrique mérite une grande attention.

                                                                         Michel M.

Crédit photo : Electre.

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