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4 août 2011

Le léopard de Jo Nesbo...

 

nesbo2Précipitez-vous sur la nouvelle aventure de Harry Hole pourchassant un tueur en série qui s’attaque principalement à des femmes et ne vous laissez pas impressionner par le nombre de pages.

Un début à couper le souffle mais à déconseiller aux âmes sensibles: «Elle se réveilla. Cligna des yeux dans l’obscurité  complète. Ouvrit grand la bouche et respira par le nez. Elle cilla de nouveau. Sentit une larme couler et dissoudre le sel d’autres larmes. Mais la salive ne coulait plus dans  sa gorge, sa bouche était sèche et dure… ». Laissez-vous emporter par ce suspense à vous glacer le sang dans un « labyrinthe de miroirs » où il ne faut se fier ni aux apparences ni aux évidences : « Personne n’est ce dont il a l’air, et la plupart des choses, exception faite de la trahison authentique, ne sont que mensonge et tromperie. »

Les dix parties du livre se répondent, formant une parfaite symétrie : ainsi la deuxième partie commence par une évocation de Rakel et la neuvième débute par un rêve de Kaja, le nouvel amour de Harry. C’est aussi une oeuvre musicale : même ce qui ressemble à quelques notes insignifiantes va se révéler l’élément d’un motif ou un nouveau motif répété jusqu’à en devenir lancinant. Même les rêves sont signifiants, au même titre que ceux de Dale Cooper dans  Twin Peaks. L’auteur décline certains thèmes sous toutes leurs formes, comme celui de l’eau, toujours négative et dangereuse, y compris dans un environnement familier, comme un pied de nez à l’alcoolisme de Harry. La construction romanesque repose également sur des oppositions comme la glace et l’éruption volcanique, métaphore de la haine de l’assassin : « Une haine étincelante, bouillonnante. C’est le carburant qui le fait vivre, le magma qui lui tient chaud. Et tout comme le magma, la haine est une condition de la vie, pour éviter que tout ne gèle. ».

L’auteur sait donner l’impression au lecteur qu’il est à la place des différents personnages et a l’art de la formule comme lorsque Harry regarde Kaja : « le visage de Kaja était pâle et beau sur la taie d’oreiller. Comme une fleur dans un herbier. »

Le lecteur, comme le héros, ne peut s’arracher à cet univers dominé par la mort et la structure circulaire ne fait que renforcer cette impression. Harry est dans le même lieu au début et à la fin, avec la même météo peu réjouissante : « La pluie ne s’arrêta pas tout de suite. Ni plus tard. Elle ne s’arrêta pas du tout. » (p 17) ; « Des nuages bleu nuit flottaient au-dessus du point le plus élevé de Hong Kong. Victoria Peak, mais il avait enfin cessé de pleuvoir après une période de précipitations ininterrompues depuis le début du mois de septembre. Le soleil pointait, et un gigantesque arc-en-ciel reliait Hong Kong Island et Kowloon. » (p 759). Le soleil semble synonyme d’espoir, l’espoir pour Harry de « se réparer » pour retrouver Rakel, la femme de sa vie : « Elle n’avait pas changé. Et ne changerait jamais. Les cheveux noirs, la douceur de ses yeux marron, la nuque fine. Le diable l’emporte. Elle était si belle que c’en était douloureux. »

En attendant la suite (déjà parue en Norvège), n’hésitez pas à relire ce livre (Le comble pour un roman policier !) ; comme dans Le dormeur du val, chaque relecture sera l’occasion de nouvelles découvertes. Un grand cru.

Sylvie L.

 Le léopard, Jo Nesbo, Gallimard, 2011, traduit du norvégien par Alex Fouillet. 761 p.

Crédit photo : Electre.

 

 

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